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Comment porter l’espoir en agriculture urbaine ?

16 octobre 2017 | Par Laurence Williams
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Récipiendaire du prix Porteur d’espoir 2017 du Jour de la Terre, Québecor, MAtv, en collaboration avec ENvironnement JEUnesse, Laurence vous emmène dans les coulisses de ses aventures écolo, de ses réflexions et de ses projets pour améliorer le sort du monde ! Au rythme d’expériences et de voyages, elle cultive l’espoir que de nombreux projets novateurs existent et que de faire une différence dans sa communauté est possible ! Elle tentera de vous partager quelques idées qui construisent son quotidien, afin de peut-être inspirer la création d’autres d’initiatives vertes et porteuses d’espoir…


En cette époque où plus de 50 % de la population mondiale vit dans des villes[1], il est primordial de repenser à notre système alimentaire. Actuellement, la majorité des aliments consommés par les citadins proviennent des campagnes avoisinantes et de l’international. Et si nous repensions à ces principes de mondialisation et de régions-ressources ? Et si chaque municipalité devenait responsable de produire sa propre nourriture, comment la région métropolitaine Montréal se débrouillerait-elle pour approvisionner ses 4 millions d’habitant-e-s ?

Un été avec Paysage Solidaire

J’ai eu la chance de passer l’été à travailler sur un projet d’agriculture urbaine et de réinsertion sociale parmi tous ceux qui poussent un peu partout à Montréal. Dans le cadre de mon mandat, j’étais en charge de deux jardins : le Jardin Solidaire, et le jardin « L’aut’bord du champ ».  Le Jardin Solidaire est le plus vieux projet de Paysage Solidaire. Créé en 2009, il est situé dans le stationnement de la paroisse Saint-François d’Assise, dans le quartier de Mercier-Est. Ce jardin collectif permet aux citoyen-ne-s du quartier de profiter d’un espace vert, d’une production maraîchère et de l’accompagnement d’un-e spécialiste tout au long de l’été. Le jardin contient une parcelle en terre et une parcelle en bac, totalisant une surface cultivable d’environ 37 m2.

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Pour vous situer, le projet Paysage Solidaire est né en 2009 dans le but de contrer la problématique des déserts alimentaires (lieux où on ne retrouve pas d’accès à des fruits et légumes frais à moins d’un kilomètre) de l’est de l’île. Affilié à l’entreprise d’économie sociale Y’a quelqu’un l’autre bord du mur, le projet consiste à :

« transformer des espaces urbains minéralisés, contaminés ou sous-utilisés en jardins collectifs et à redistribuer la production à une clientèle cible (personnes âgées, personnes en perte d’autonomie, ménages à faible revenu, jeunes, groupes d’achats, cuisines collectives, individus n’ayant pas accès à un terrain pour jardiner, etc.) dans le but de soutenir et de développer une certaine sécurité et souveraineté alimentaire »[2].

Ce projet contribue concrètement à modifier les habitudes de consommation des citoyens, en proposant un circuit court de consommation locale et en produisant des légumes biologiques de saison et produits dans le quartier ! La production est écologique et diversifiée, assurant ainsi une plus grande qualité des produits pour une meilleure santé des individus et de l’environnement. Dès le mois de juillet, les légumes issus de ces jardins sont mis en vente à prix modique près du Métro Cadilac, afin de rejoindre une plus grande partie de la population. Les surplus et les invendus sont donnés à des organismes du quartier, notamment le Groupe d’entraide de Mercier-ouest (GEMO), une épicerie solidaire qui offre des services d’aide alimentaire.

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Mon rôle de chargée de projet en agriculture urbaine visait à coordonner les activités, proposer des ateliers de formation ouverts à tous et encadrer l’entretien général du jardin. L’inscription au jardin est gratuite, les activités horticoles se déroulent en groupe et les récoltes sont partagées équitablement parmi les jardiniers-ères participants. Les jardins deviennent donc des espaces verts idéaux pour apprendre et échanger ! Plusieurs activités s’y déroulent également avec les écoles, les garderies et les organismes communautaires du quartier, afin de partager l’expertise de Paysage Solidaire avec la communauté locale et faire découvrir des oasis de verdures aux citoyens.

Les jardins deviennent vraiment des lieux où des rencontres qui n’auraient pas eu lieu ailleurs deviennent possibles ! Mon groupe de bénévoles était composé tant de jeunes mamans avec leurs enfants en bas âges qui raffolaient des framboises urbaines, que de nouveaux arrivants et de personnes âgées plus isolées et en besoin de socialiser. Nos plants de tomates ont été témoins des nombreuses discussions intimes entre les participants, pour qui cette activité horticole devenait rapidement partie intégrante de leur vie sociale. Au rythme de rires complices et de confidences estivales se sont tissées des amitiés entre femmes camerounaises, québécoises, congolaises et françaises.

Le jardin « L’aut’bord du champ » a quant à lui été créé conjointement avec le Centre jeunesse  Mont Saint-Antoine. Des jeunes avec des profils et expériences variés sont venus « mettre les mains à la terre » trois fois par semaine, pour entretenir un potager d’une quinzaine de mètres carrés. Je leur donnais aussi des ateliers horticoles à toute les semaines, pour parfaire leurs connaissances de jardiniers en herbe. Cette expérience de travail représente pour eux un premier emploi, une activité physique et valorisante, l’acquisition de nouvelles connaissances et la découverte de nouveaux aliments. Les produits récoltés par les jeunes et leurs intervenants se dirigent directement vers la cuisine du centre jeunesse, où le fruit de leur travail est apprêté et consommé le jour même ! Ce jardin est un parfait exemple de circuit court de consommation, de mise en pratique de l’agriculture écologique en milieu urbain, et de réinsertion socioprofessionnelle !

Dans le cadre de mon mandat, j’ai pu donner une vingtaine d’ateliers horticoles à des citoyen-ne-s et des jeunes du quartier, et récolter avec eux environ 200 kg de légumes destinés à leur consommation ! Nous avons aussi organisé des soirées Ciné-jardin, où plus de 40 enfants ont écouté des films en plein air.

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D’importantes retombées dans la communauté

L’agriculture urbaine représente, par ses différentes actions d’éducation et d’empowerment, un outil de développement social et économique dépassant les seules questions de production et de sécurité alimentaire. Il s’agit d’une activité ayant un potentiel économique, social et environnemental extrêmement intéressant, ce pourquoi la perspective du développement de l’agriculture urbaine dans les villes du XXIe siècle est à considérer pour atteindre l’autonomie alimentaire et la transition énergétique.

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Multifonctionnalité de l’agriculture urbaine

Les retombées spécifiques du projet pour lequel je m’impliquais :

  • Réduire les îlots de chaleur, afin de contribuer à une meilleure qualité de l’air;
  • Diminuer les gaz à effet de serre dû au transport des aliments;
  • Promouvoir l’activité physique;
  • Promouvoir la saine alimentation;
  • Augmenter l’accessibilité à des aliments frais et locaux (physiquement et économiquement) par la promotion du jardinage auprès des citoyen-ne-s et la mise en place de kiosques maraîchers dans le quartier;
  • Autonomiser les jardiniers-ères dans leurs activités d’agriculture urbaine;
  • Renforcer le tissu social entre les citoyen-ne-s et le sentiment d’appartenance au quartier.

De façon globale, l’agriculture urbaine permet de diminuer les gaz à effet de serre dus au transport des aliments en rapprochant la production de fruits et légumes près des consommateur-trice-s. Cela encourage également l’activité physique auprès des citoyen-ne-s qui participent à la réalisation et l’entretien des jardins. Finalement, Mercier-Est étant considéré comme un désert alimentaire, ces objectifs visent tous les citoyen-ne-s du quartier, tout en ciblant davantage les familles plus démunies.

Bref, l’agriculture urbaine écologique est la clé de voute de la résilience des sociétés dans leur cheminement vers l’obtention de leur autonomie alimentaire, grâce à ces méthodes respectueuses de l’environnement, son étonnante productivité, sa rentabilité économique, ainsi qu’à la qualité de vie qu’elle offre aux citoyen-ne-s qui la pratiquent !

Pour poursuivre la réflexion :

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Crédits des photos de cet article : Laurie-Anne Bourdon, Écoquartier M-H-M, 2017.

Sources

[1] Perspectives d’urbanisation du monde, Nations Unies.
[2] Paysage Solidaire, Un projet d’agriculture urbaine.



Porteur d'espoir 2017

Laurence Williams

C’est un voyage de coopération internationale réalisé au secondaire qui éveille Laurence aux causes sociales et environnementales. Originaire de Longueuil, elle étudie d’abord en sciences humaines, profil international, au Cégep Édouard-Montpetit. Puis, elle travaille pour Greenpeace et s’implique bénévolement durant six mois en Inde et au Sénégal. Étant initialement inscrite en Droit à l'université, son chemin bifurque au retour de son périple. Elle prendra finalement la voie du baccalauréat en études de l'environnement de l'Université de Sherbrooke. Au cours des dernières années, Laurence s’est investie dans de nombreux groupes citoyens, communautaires et écologistes, et les différentes expériences acquises lui ont permis de se forger un parcours aux couleurs de ses valeurs.

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